
C'est le grand retour de Polanski et ce n'est pas une mauvaise blague : Le Ghost writer est probablement son meilleur film depuis une dizaine d'années. Polanski est un des plus grands cinéastes vivants mais c'est parfois difficile de s'en souvenir si l'on regarde The Ninth Gate, Frantic, Pirates, et ... le pire du pire, Bitter Moon : ces films étaient de magnifiques catastrophes. La façon dont Polanski joue les acteurs, les cadres, les scènes, les plans relève de la magie et c'est une constante dans ses films, qu'ls soient bons ou mauvais. Par chance, The Ghost Writer est un très bon film. Je pense qu'il n'est pas nécessaire d'en savoir trop sur l'histoire, mis à part qu'elle est complexe, ironique et un peu sombre mais avec une bonne dose d'humour au deuxième degré. J'ai toujours été fascinée par la vision "oblique" de Polanski. Difficile d'expliquer ce qui est avant tout visuel, mais il y a par exemple une scène où The Ghost Writer (Ewan Mc Gregor) est assis derrière un bureau. Il est sur le côté gauche de l'écran. La partie droite de l'écran montre une énorme fenêtre donnant sur une plage avec des dunes battues par le vent et la pluie. Le spectateur garde un oeil sur ce paysage alors que la scène se passe de l'autre côté de l'écran... typique Polanski. Dans Rosemary's baby, il y a une scène où l'affreuse vieille femme répond au téléphone dans la chambre tandis que Rosemary attend dans le living-room. Comme Rosemary, le spectateur aimerait bien entendre des bribes de conversation au point de se pencher vers la droite afin de voir ce qui se passe derrière la porte ! Le cinéma actuel a tendance à vous balancer des images brutalement et directement, sans passer par la case subtile. Ca ne demande pas beaucoup d'effort de la part du spectateur transformé en victime. Polanski est subtil et intelligent. Les victimes, ce n'est pas son truc, ce qu'il veut et ce qu'il parvient à faire c'est vous entrainer là ou il veut, de victime à victime consentante, il y a un monde...
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