Monday, May 14, 2012

The woman with the five elephants

In this documentary by Vadim Jendreyko, you get to meet a 85 year
old Russian woman translator of Dostoyevsky in German. The five elephants are the five novels Svetlana Geier has translated… twice ! Born in Kiev in 1923, Svetlana has, in her lifetime, seen her father captured then released from Stalin’s jails, has lived through the siege of Stalingrad and survived thanks to her language skills. Her itinary is a bit more complicated than that but in order to discover this fascinating woman and her quite unique life, you will have to watch this incredibly intelligent and poetic documentary where… language rules. You will learn that Russians cannot own anything because their language doesn’t allow them to do so. See, in the russian language “the cup is with me” but “I cannot have a cup”, it’s grammatical, period. There are few people in this world who would marvel at the sentence “zhúk zhuzhzhá” which means in english “the beetle hummed” and sounds like a beetle humming in Russian, not much in English, even less in German and like a bad case of acne in French (“le bourdon bourdonne”…). Svetlana Geier always had her translations read aloud by a musician, just to make sure the music was right. You will also learn that in order to be a good translator, you have to stick your nose up in the air while translating (that’s why translators are such snobs!) in order to internalize the text and deliver the translation from the heart and soul… something I can assure you no translating software will ever do ! The most amazing scene in the documentary involves Svetlana talking about the time her dying father told her everything that happened to him when he was in tortured in jail. She was 15 years old, and all her life she has remembered every detail about the time and place this conversation took place and …. not a word of the conversation itself. She believes it is stored somewhere in her brain but she doesn’t have (nor want) the key. Svetlana Geier died in 2010. She was working on the translation of the 6th elephant: “The house of the dead” by Dostoyevsky

Ce documentaire exceptionnel de Vadim Jendreyko vous permettra d’aller à la rencontre de Svetlana Geier, traductrice extraordinaire de Dostoyevsky en Allemand, agée de 85 ans au moment du tournage du documentaire, originaire de Kiev et au destin unique. Les cinq éléphants du titre sont les cinq principaux romans de Dostoyevsky traduits (deux fois) par Svetlana Geier ! Née à Kiev en 1923, Svetlana a au long de sa vie, vu son père jeté dans les geôles de Staline, en ressortir mort vivant, a vécu le siège de Stalingrad puis l’occupation nazi, et en est ressortie intacte plus ou moins grâce à son don pour les langues. Son itinéraire est plus compliqué que ça mais pour mieux découvrir sa vie, vous devrez voir ce documentaire passionnant, intelligent voire poétique ou… tout est langage… Vous apprendrez au passage que les russes ne peuvent pas posséder quelque chose parce que leur langue ne le leur permet pas. En russe, “la tasse est avec moi” mais “JE n’ai pas de tasse”, c’est grammatical, point barre. Il y a peu de gens au monde qui s’arrêteraient deux minutes pour contempler la phrase “zhúk zhuzhzhá” qui sonne comme un bourdon qui bourdonne en russe, mais sonne plutôt mal en Anglais, encore pire en Allemand et comme un cas d’acné chronique en Français. Svetlana Geier a toujours insisté pour qu’un musicien lise ses traductions à voix haute, pour être sûre d’avoir le ton, l’harmonie. Vous apprendrez aussi que pour être un bon traducteur, il faut avoir le nez en l’air lorsque vous traduisez (c’est pour cela que les traducteurs sont tellement snobs !) pour pouvoir sentir le texte de l’intérieur et délivrer la traduction depuis le coeur et l’âme plutôt que depuis de la feuille de papier. Quelque chose qu’aucun logiciel de traduction ne pourra jamais faire et tant mieux ! Dans une scène à la fois émouvante et dramatique, Svetlana raconte comment son père, alors mourant, lui a raconté ce qu’il avait vécu lorsqu’il était emprisonné. Elle avait 15 ans à l’époque. 70 ans plus tard, elle se souvient où, quand, comment et pourquoi cette conversation a eu lieu. Elle se souvient des habits que son père portait ce jour là, où elle était assise, quel temps il faisait mais elle n’a jamais pu se souvenir d’un mot de la conversation. Les mots sont enfermés quelque part dans son cerveau, mais hors d’atteinte. Svetlana Geier est morte en 2010. Elle travaillait sur la traduction du 6ieme éléphant de Dostoyevsky : “La maison des morts”.
 (NDTL : ce texte a été traduit le nez en l’air)

1 comment:

Anonymous said...

Love the blog! Thank you.